jeudi 13 mai 2010

Bord de mer de Véronique Olmi.


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A la bibliothèque, parcourant les étagères une à une et les noms des auteurs, je me suis arrêtée sur Olmi. Véronique Olmi, dont on avait étudié son texte qui parlait de ses rapports avec les livres. Je me suis souvenue de ça. J’en ai pris un, puis un autre, je lisais les résumés en diagonale (car j’estime que parfois les résumés sont trop détaillés et en révèlent trop), ils avaient tous l’air très alléchants. Mais Bord de mer sortait un peu du lot, d’épaisseur très fine (ce qui correspondait au temps que j’avais pour pour le lire soit quelques heures), une couverture très sombre qui dévoile une rampe d’escaliers qui interroge « On descend où ? », un titre qui donne envie d’aller en vacances. Je recherchais de la gaieté cet après-midi là, un peu de légèreté, mais j’ai pris ce livre. J’ai aimé.

Bord de mer, ce livre transporte, on ne ressent pas seulement les sentiments des personnages, ils nous habitent, nous touchent et nous fait perdre tous moyens. Une mère de famille qui emmène ses deux bambins en vacances, voir la mer, pour la première fois. On pourrait penser que ces vacances seront bénéfiques, que tout redevienne disons « normal » ; même pas, on se trompe. J’ai peu être trop été habituée aux livres qui n’ont aucune réelle intrigue -qui sait- mais je n’aurais puprédire cette fin là. C’est comme si on s’arrêtait de respirer en le lisant, il prend tout l’esprit, nous captive, nous intrigue réellement. L’histoire est bien écrite, des mots justes, pleins de poésie mais une douceur qui glace, qui dérange. Et comme si ça ne suffisait pas, tout y est très réaliste, on ressent les malheurs de cette maman perdue dans son monde. C’est un livre terrifiant, il bouleverse, vous prend les tripes. Un drame comme un gouffre, un précipice sans fond. Ces mots-là ont une force.   

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Pour aller plus loin sur l’auteure.
Véronique Olmi, née en 1962 à Nice. Elle est écrivain et elle écrit aussi bien des romans que des pièces de théâtre. Bord de mer est son premier roman, il a été récompensé par le prix Alain Fournier en 2002.
Puisque j’en parlais, son rapport avec la lecture et les livres. Extrait.


 « Ils marquent le temps. Ils inscrivent des lieux, des époques, je pourrais écrire ma vie en dates de lecture, comme une naissance à chaque fois, les livres sont mes anniversaires, mes fêtes, ils sont partout dans ma maison et partout où je vais aussi, comme un prolongement de cette maison, cet intérieur. Ils voyagent avec moi, ils attendent avec moi, je les abîme, je les souligne, je les corne, ils respirent à mon rythme, mais je sais, d’expérience, que ce sont eux qui me choisissent, et non l’inverse. Ils sont dotés d’intuition, ils surgissent au moment exact où j’ai besoin d’eux, et c’est une rencontre à chaque fois, une histoire entre eux et moi, j’oublie que nous sommes si nombreux à les lire, ils sont mes uniques, mes destinées et je les transmets aux gens que j’aime – marque ultime de confiance, preuve d’intimité, aveu.
Quand j’arrive chez quelqu’un pour la première fois, je regarde toujours la bibliothèque. Elle me dit où je suis. C’est par elle que je sais si la relation va être possible ou non. La bibliothèque m’avoue plus de choses que si je pénétrais dans la chambre à coucher de mon hôte. Et quand je vois un livre aimé, dans ces rayonnages inconnus ! comme si j’avais embarqué sur le bon bateau… « Ah ! Vous avez lu cet auteur ! » Nous sommes liés, nous sommes un peu du même clan, je suis un peu moins sur mes gardes, c’est subitement aussi intime que si nous avions la même photo dans nos albums. »


 *article rapatrié de l'ancienne plateforme du blog*

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